lundi 26 novembre 2012

Une matinée ordinaire dans une fac ordinaire...


LRU ou Le Ras le bol des Universitaires !
Vis ma vie d’enseignant-chercheur en France


De nos jours, dans une université française ayant conquis son « autonomie » grâce à la LRU. 

Novembre 2012. Il est 7h50 lorsque Marc Sympa, maître de conférences en sociologie dans une grande Université de la banlieue parisienne arrive en cours, salle 318, Bâtiment D. Pour le trouver, on ne peut pas se tromper, il est encadré par une rangée de containers et de poubelles. Il allume les néons – l’un d’eux a lâché. « Depuis quand ? » se demande-t-il machinalement… Peu de différence de température entre dehors et dedans ; un coup d’œil sur la fenêtre cassée, store pendant. « Va falloir mettre le paquet pour capter leur attention ». Il s’installe, toujours un peu fébrile. Lui-même a parfois du mal à y croire mais il aime l’enseignement !

Les étudiants arrivent : « ça caille, y a pas de chauffage ? ».
- « Vous en faites pas, vous allez vous réchauffer en allant chercher des chaises, franchement je déteste quand vous êtes parterre autour de moi…
- Mais pourquoi on est 80 en TD dans une salle pour 20 ? C’est le tiers monde ici ?! Mon cousin à SciencesPo, son problème c'est de savoir s'il passe un an à New York ou à Londres ! »
Il tente de commencer son cours, valse de chaises, froid et courant d’air…
           - « M’sieur, sérieux, on peut pas prendre des notes avec des gants !». Lui-même a gardé son manteau.
           - « Vous avez raison ! Je vais essayer de trouver une autre salle ».

Il va finir par la trouver ; ils ont de la chance dans son université, à partir du 1er novembre, ils allument les 2/3 des chauffages. Ce n'est plus le cas partout, il le sait : sa copine, maître de conf' aussi, travaille dans une "petite" université de province – 3 heures de train, des allers-retours chaque semaine, 2 loyers, les frais de transports à leur charge (le salaire amputé de près d’1/5ème , ils espèrent une mutation (300 candidats pour un même poste) pour mettre un bébé en route, déjà 3 ans d’attente…

11 h 12. Retour au bureau, dans le grand préfabriqué blanc sale au fond du campus : Marc tente de se concentrer sur la dernière version d’un papier qu’il doit rendre au plus vite. Une des meilleures revues de sa discipline a finalement pris son article, la traduction anglaise semble prévue ; il en est très heureux ; quelques vérifications bibliographiques et ce sera fini des multiples relectures et réécritures. « Dire que certains pensent qu’on n’est pas assez évalués… qu’on a besoin d’une AERES ! », soupire-t-il.

Marc vérifie ses mails. Déjà une douzaine : 3 demandes de rendez-vous d'étudiants pour discuter de leur sujet de stage, de mémoire ; le secrétariat qui réclame "en urgence" les sujets d'examen de janvier pour l’enregistrement informatisé ; un collègue qui tente de monter une équipe suite à un appel d'offre et souhaite "aspirer le CV" de Marc ; un appel à communication mais il n’a pas le temps d’y répondre ; des colloques internationaux auxquels il serait bon de participer, mais le labo n'a plus de sous pour financer des déplacements...
          Marc attend un mail de réponse à son projet ANR pour savoir s’il pourra financer un post-doc, pour une jeune docteure qu’il suit depuis le début et qui galère. Elle espère décrocher un poste, peut-être cette année (l'an dernier, il y avait 38 postes dans sa discipline pour 500 candidat-e-s). Marc lit l'intitulé des mails restants : « Appel des 50 000 précaires, Lettre ouverte des Présidents d’Université à Madame Fioraso, enquête sur l’insertion professionnelle des docteurs… Bonjour l’ambiance ». Rien de l’ANR… au boulot. Sa collègue de bureau arrive ; elle doit passer quelques coups de fil avant d’aller en cours, s’en excuse. Heureusement qu’il l’aime bien.
-  « T’inquiète, je vérifie quelques références pour mon papier sur CAIRN et c’est bon.
-  Super, félicitations ! J’ai hâte de lire ça ! Enfin après avoir corrigé mes 200 copies bien sûr ».
Ils échangent un sourire. Il perd vite le sien en lisant sur son écran « votre université n’est plus abonnée à CAIRN, vous ne pouvez accéder au service…».
- « C’est dingue ce truc ! T’as vu ça ? Comment on écrit nos papiers, si on peut plus lire ceux des autres ? Là ça commence à être du grand n’importe quoi ! Bon, je vais à la bib’ en espérant qu’ils aient maintenu les abonnements papiers ». Il laisse sa collègue devant l’ordi, incrédule.

Arrivée à la bibliothèque, sit in étudiant devant la porte :
           - « Monsieur, ils n’ont pas remplacé la bibliothécaire partie à la retraite, du coup c’est fermé. Il paraît que la bibli de socio va disparaître. On fait comment pour réviser nos exams ? ».« Et moi pour mon papier ? C’est cuit ». Il tourne les talons, commence à être sérieusement agacé.
          Sur le chemin du bureau, Marc croise un collègue, de sciences "dures", élu au Conseil d’Administration de la fac, qui vide son sac : « … sans parler du gel des postes. Profite bien de Noël, parce que vu qu'on sucre les primes administratives et pédagogiques... Et oui, notre université est en déficit comme une vingtaine d’autres, logiquement si on continue avec cette LRU, c’est le dépôt de bilan ! Bientôt, on ne pourra plus nous payer ! »
        
   Marc est reparti, essayant de se concentrer à nouveau sur son papier et ses références à compléter. Au bureau, coup d’œil sur les mails : la réponse de l’ANR est enfin là, sa collègue jeune docteure aussi. Mentalement il croise les doigts.
           - « Bonjour, vous allez bien ? Je vous ai apporté un exemplaire de mon bouquin. Je suis trop contente, il vient de sortir, bon y a qu’1 ou 2 chapitres de ma thèse… « Le reste est pas assez sexy » a dit l’éditeur. Je croyais qu’on parlait d’un ouvrage scientifique, mais bon… Des nouvelles de l’ANR ?
           - A l’instant ! Je n’ai pas encore regardé. J’espère que ça a marché, vous avez bossé gratos sur ce projet en plus… les 1500 euros demandés ne seront pas du luxe à Bac  + 10 ! Je ne vous promets rien, on a demandé un an, peut-être qu'on aura 6 mois…. ».
Il lit le mail : 1 refus, 1 justification en 6 lignes, 3 mois de boulot foutu…
           - «  C’est râpé, désolé. Je vous épargne les motifs du refus. C’est fou, on ne bosse plus que comme ça : projet, recherche de financement, projet, évaluation du projet, quand est-ce qu’on fait vraiment not’boulot là-dedans ? C’est débile, infantilisant, chronophage… et ça coûte un fric dingue ! On ne réduira pas les déficits comme ça ! Bon, vous avez de quoi pour tenir jusqu’à l’ouverture du concours pour les postes ? Des vacations de cours ?
-          J’ai mes parents ! (rires)… Sérieusement, les vacs seront peut-être payées mais dans 6 mois au mieux.
« J’espère que vous n’en avez pas besoin pour vivre », m’a dit la responsable de l’administration. Et puis, ben, là je rédige un autre projet pour un financement européen, avant j’étais une machine à faire des disserts, maintenant c’est des projets !
           - Vous avez un super CV, des articles dans les meilleures revues, le séjour à Berkeley… même un bouquin ! Ça va marcher ! En plus à Paris 18, il y a quelques postes où vous collez au profil d'enseignement et de recherche, c’est parfait…
           - Vous n’avez pas entendu qu’ils gelaient le recrutement de 30 postes sur les 50 prévus à P18, toutes disciplines confondues ? »

« Quel gâchis ! » se dit Marc en la regardant sortir. La journée lui semble déjà bien longue… à sa montre, il est à peine midi ! Il reprend ses mails, signe l’appel des 50 000, lit la signature de son Président au bas de la lettre ouverte et décide d’écrire lui aussi à sa Ministre… tant pis pour son article, ça attendra.


           Son texte, vous venez de le lire : c’est le récit d'une demi-journée  ordinaire, dans une université broyée par la LRU, entre des étudiants assis par terre et des précaires de tous âges qui font tourner la boutique. Chaque fait rapporté ici est réel.

La sélection à l’entrée de la fac, Marc n’en veut pas. Comme de l’augmentation inconsidérée des droits d’inscription. S’il est arrivé là c’est grâce à l’école publique, à l’université publique. Ce dont il a pu profiter, il veut que les autres y aient droit aussi. Il croit toujours au service public de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et ne comprend pas comment il a pu être mis à mal aussi profondément, aussi rapidement. Marc n’est pas un révolutionnaire, il aimerait juste pouvoir faire son travail. Pour cela, ce serait bien que l’Etat se remette à faire le sien : en abrogeant la LRU, en supprimant les agences ANR et AERES, en titularisant tous les précaires, en augmentant la masse salariale et le nombre de postes.

             Marc Sympa en colère
             

 
Si vous souhaitez soutenir sa démarche en inscrivant votre nom sous son courrier, et/ou commenter celui-ci, utilisez le lien “commentaires :”  sur cette page !




36 commentaires:

  1. Ce premier billet est publié dans Libération, rubrique Rebonds, le lundi 26 novembre 2012, premier jour des Assises Nationales de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. Édition papier et numérique.

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  2. Anne Bory, MCF, Université Lille 1
    Fanny Darbus, MCF, Université de Nantes
    Marielle Debos, MCF, Université Nanterre Paris Ouest la Défense
    Fanny Jedlicki, MCF, IUT/Université Le Havre
    Matthieu Hely, MCF, Université Nanterre Paris Ouest la Défense
    Romain Pudal, CR CNRS, CURAPP/Université de Picardie Jules Verne
    Alexandra Oeser, MCF, Université Nanterre Paris Ouest la Défense
    Maud Simonet, CR CNRS, IDHE/Université Nanterre Paris Ouest la Défense

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    1. Je joins mon nom en solidarité avec ce témoignage - même si à l'IUFM les conditions matérielles sont souvent moins extrêmes, par contre faire vivre et reconnaître la recherche est une bagarre de tous les instants.
      Oui suppression de l'ANR (qui ne sélectionne JAMAIS) les projets en éducation... ça sert à quoi l'éducation???) de l'AERES, des IDEX et autres dispositifs délétères "d'excellence"
      Isabelle Bloch, PU émérite, Université Bordeaux IV

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    1. Il fallait lire (Marc Sympa n'est pas en InfoCom, il n'a pas choisi le meilleur blog en terme d'ergonomie robotique)

      Merci pour ce témoignage. Ca vaut bien une publi !

      Je vous propose également d'aller lire le témoignage d'un collectif de chercheurs :
      https://sites.google.com/site/fasttoslowscience/le-constat-d-une-course

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  4. POSTE DE PROFESSEUR
    EN SOCIOLOGIE DES CLASSES SOCIALES ET DES INÉGALITÉS SOCIALES

    http://www.rhu.uqam.ca/visiteurs/?pt=/AffichageProfs/&id=22606587

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  5. Reçu :
    Je ne suis ni enseignante, ni chercheuse. Juste une employée au milieu. Et je vois depuis des années les bugets baisser, des étudiants qui ne peuvent plus, des enseignants continuer par conviction, et on en arrive même à TOUT numériser, ne plus avoir de chauffage en fin d'année, ne plus pouvoir se payer une version papier d'une thèse.... S'il-vous-plaît, sauvez l'éducation.

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  6. Reçu également sur le mail.

    Grand merci pour la construction de cet article dont effectivement, je vais envoyer le lien pour faire comprendre notre vie. Même si chacun n'a pas forcement tous les éléments décrits, on les a vécu comme étudiant ou on a des collègues qui le vivent. J'espère que l'avenir va être moins sombre, et que des solutions être trouvées. La première, c'est de supprimer la LRU, l'ANR, et autre AERES...
    Isa

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  7. Bravo pour cet article, quand prendra-t-on soin de nos étudiants en France ? La recherche et l'éducation sont l'avenir et notre pays fait bien pâle figure à côté d'autres...Il est temps que l'Etat remplisse sa mission de service publique !
    Je suis actuellement en fin de thèse et la chance d'avoir trouver un boulot pour me financer également, ce n'est pas facile de cumuler un plein temps avec une thèse, mais je n'ai pas eu le choix. Il serait temps que de réelles structures soient prévues pour nos têtes pensantes !

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  8. Complément reçu par mail :

    NOUS SOMMES TOU-TE-S des MARC SYMPA !

    (Isa)

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  9. Les précaires du secondaire sont tout cœur avec vous tous, nous sommes dans une galère semblable à la vôtre...

    http://nontitulaires.blogspot.fr

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  10. MS plagiaire ou caisse de résonnances inconscientes des échos du passé ?

    Reçu sur le mail : https://sites.google.com/site/nanterreencolere/Home

    Juin 2012, au matin un enseignant chercheur prépare sa journée de travail.
    Les réformes imposées en 2009 sont toutes appliquées depuis trois ans.
    Bon, ce matin 9 heures correction des trois cents
    copies qu’il me reste : à confier à Albert, on
    renouvelle ou pas son contrat doctoral dans deux
    semaines, il ne me refusera pas ce service. Surtout,
    penser à bien lui dire de ne pas trop recaler
    d’étudiants de Master1 (tant pis pour le diplôme !),
    sinon ils feront leur Master1 en 2 ans et ne viendront
    plus aux examens la première année, alors avec les
    budgets à la performance qui dépendent de la
    présence aux examens, ça n’irait pas. Pour les
    copies de licence, pas de problème, dès la première
    année on a sabré (moyenne générale à 7 !) pour
    éliminer les étudiants les plus en difficulté ; depuis
    nos stats sont meilleures à tout niveau : présence et
    réussite aux examens, professionnalisation.
    Autant de prétextes en moins pour baisser nos
    budgets ! A ce propos, à 11 heures téléphoner à
    Batipropre © et Médocpsy© pour les remercier pour
    leur don : l’amphi est refait à neuf et tout équipé ! Il
    ne reste plus qu’à placer leurs logos sur les murs et
    dans mon Power point de cours, ça leur fera plaisir.
    Les budgets privés sont de plus en plus
    nécessaires et ils sont prêts à refaire un deuxième
    amphi ! Mais ils veulent me voir avant, c’est à 13
    heures. D’ailleurs, il faudra que je briefe Jean pour
    qu’il cite Médocpsy© dans son cours sur les
    psychotropes, et que Martine arrête de citer
    Batipropre© dans ses cours sur la souffrance au
    travail. Ils vont encore dire que leur liberté est
    entravée, mais bon, c’est ça ou pas d’amphi, alors…
    Qu’ils aillent faire leurs cours dans la rue !
    15 heures : réunion « recherche de fonds ». Ah oui, y
    parler de ces dons, le président appréciera, il m’a à
    la bonne je crois, il a le pouvoir de me donner ma
    prime d’excellence et de baisser mon service, de
    toute façon depuis la LRU c’est le président et le
    CA qui décident de presque tout, autant se faire
    bien voir.

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    1. La suite :
      17 heures : réunion sur la modulation des
      services pour l’année prochaine. Cette année on a
      tourné en moyenne à 202 heures. La nouvelle baisse
      des budgets fait qu’on ne pourra pas garder les
      chargés de cours, donc ça devrait nous amener à 210
      heures par titulaire, ah non, Maria n’est pas
      remplacée, il y a moins d’effectifs, donc ça fera
      214, cette année, à moins qu’on embauche un CDD
      à 300 heures, faut voir. J’entends déjà râler Jean
      Pierre et Cathy : « tu dois avoir notre accord, tu ne
      peux pas nous imposer cette augmentation, etc. » Ils
      me font marrer ces vieux râleurs, ils ont le choix :
      comme il faut préserver l’offre de formation avec
      moins de personnels soit on module à la hausse,
      soit la formation n’est plus agréée. De toute façon
      tout le monde le fait, alors. Pour un peu ils
      voudraient être payés en heures complémentaires !
      En plus, Jean Pierre a le culot de demander une
      baisse de service sous le prétexte qu’il publie sans
      arrêt. De toute façon il n’est pas encore évalué et le
      CNU est débordé, et on n’a aucun critère clair et
      contraignant, alors sa baisse… Par contre
      Marcelline a ramené un gros contrat avec
      MécèneFac©, je vais proposer qu’on la module à la
      baisse pour qu’elle ne fasse plus que 192 h et qu’en
      plus elle ait une prime, c’est la moindre des choses.
      J’en parle au Président très vite. Quoi d’autre ? Ah
      oui, voir Maria à 18 heures, elle veut utiliser ma
      base de données pour vérifier ses hypothèses sur la
      dépression des cancéreux, elle aurait même de
      bonnes idées pour ces prises en charge, paraît-il. En
      plus elle publie, elle est très rigoureuse et honnête,
      très créative, alors non, je ne lui donne pas ma base,
      elle va finir par être trop bien vue par le Président et
      avoir des baisses de services, des primes, etc.
      Comme il n’y en pas pour tout le monde :
      compétition oblige, désolé, chacun pour soi. Je lui
      dirai que j’ai un contrat avec Médocpsy © et que je
      n’ai pas le droit de transmettre mes données, elle
      comprendra. 19h30 : pot de fin de cours avec les
      étudiants. Important ça, juste avant qu’ils ne
      remplissent leur questionnaire de satisfaction des
      profs pour les évaluer, tout miel, je serai. D’autant
      qu’avec l’augmentation des frais d’inscription que
      le gouvernement a enfin autorisée (on ne s’en sortait
      plus des baisses de budget) ils sont plus exigeants.
      Pourtant avec 3000 € ils sont encore loin de payer
      comme les américains, ils ne devraient pas se
      montrer aussi exigeants. Mais bon, là, c’est eux qui
      me notent. A 20h30 : relancer les doctorants pour
      qu’ils accélèrent la recherche avec Médocpsy©, il
      me faut ma publication annuelle de rang A pour
      rester « publiant », ah là là, ces critères qui
      changent tout le temps ! Bon, je serais rentré pour
      22 heures, juste le temps de finir le troisième rapport
      annuel sur le financement autonome du département
      pour le ministère… après avoir traité la centaine de
      mails qui m’attendra.

      Pour que ce scénario ne soit jamais réalité en France luttons contre les réformes en cours.
      Collectif Sciences Psychologiques et Sciences de l’Education Paris X en colère
      http://nanterre.mobilisee.over-blog.com/
      http://sites.google.com/site/nanterreencolere

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  11. Reçu par mail :

    Merci pour ce billet qui décrit très précisément et très justement une situation que nous vivons tous, précaires ou non, titulaires ou non, candidats ou non, étudiants ou non, enseignants ou non... bref, tous ceux qui travaillent d'une manière ou d'une autre à l'Université.
    Guillaume Coqui

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  12. Incroyablement proche de la réalité...et nous n'avons pas abordé le thème des "chercheur étrangers en France", des doctorants (tellement!) qui viennent d'autres pays...bref merci pour ce post!

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  13. Reçu par mail :

    Je suis en fin de doctorat dans une fac parisienne, à la limite de l'abandon au bout de 6 ans de combat (je n'ai pas été allocataire) et je tenais à vous remercier pour vos efforts et le récit de cette journée si réelle pour nous "précaires" de service (et pour le moment sanas avenir dans la recherche en France) dont il faut que nos dirigeants prennent conscience.

    Je suis usée par le milieu et par le manque (l'absence?) de perspectives... Et ce malgré un CV "recherche" désormais "blindé" (mais à quoi bon?).

    Merci quand même et bonne continuation!

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  14. Merci pour ce billet qui décrit parfaitement ce que je ressens aussi. Oui l'université devrait restée gratuite et sans sélection, je n'aurait pas un doctorat sans cela. J'ai moi aussi eut de nombreux cours dans des salles de batiments vidés donc non nettoyés et sans électricité. En effet, écrire avec des gants c'était pas facile haha
    Maintenant, doctorat en poche et postdoc dans une grande université américaine, je vois le nombre de postes se réduire chaque année et me demande bien ce que je vais pouvoir faire de moi. Difficile de gardé du courage la dedans. Surtout que l'on entend les politiques passaient leur temps à dire que les universités et chercheurs français sont nuls et vallent rien...et pourtant ce sont des doctorants de petites université françaises que l'on voit ici en postdoc dans les grandes universités américaines.

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  15. Bonsoir,

    sur un mode plus inspiré des lettres persanes (même si le gros chat, angora, ne semble pas typé persan), voici un récit qui montre qu'il y a non seulement "pénurie" budgétaire, mais aussi CHOIX budgétaires : http://crea-tifs.blogspot.fr/2012/10/lonce-arrive-lyon-2.html

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  16. Reçu par mail :
    Bonjour,

    votre lettre est touchante.
    Je ne suis pas universitaire, mais mon frère et tous mes amis le sont, en informatique et en physique, à Bordeaux 1.
    Ils supportent mieux la LRU que votre fac. Mais je reconnais pas mal de choses dans votre récit.

    puisse t-il faire ouvrir les yeux à nos gouvernants.

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  17. bonjour
    c'est tellement vrai ! Je suis MCF dans la même université que certains des signataires, et je ne peux nier que c'est vraiment notre quotidien, mes collègues (nanterrois ou pas) et moi.
    Par contre, je me demande bien comment est reçu l'article auprès des non enseignants-chercheurs. J'ai peur que l'on passe encore pour des guignolos qui se plaignent de leurs conditions de travail alors qu'on a (selon de nombreuses personnes) quelques maigres heures de cours dans la semaine (ouai ouai), les vacances scolaires (ouai ouai), etc.
    Bref, je suis tellement d'accord et en même temps un peu déçue de passer encore pour une caricature.
    En tout cas, merci pour ce papier.

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  18. Marc, ton texte affreusement partial et donne une vision trop rose de la réalité! Tu ne dis pas un mot des toilettes nauséabondes de Paris 18, du fait qu'il n'y a plus de papier sur l'ensemble de la fac (je parle du papier pour l'imprimante; pour ce qui est du papier toilette, ca fait longtemps qu'il n'y en a plus, mais comme on ne va plus aux toilettes de la fac, c'est pas bien grave). Et Apogée, logiciel sublime de saisie des notes dont les dysfonctionnements structurels mobilisent la moitié des enseignants de certains départements, week-end inclus?

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  19. Monsieur Sympa,

    Ce que vous dites est vrai. Mais vous oubliez de mentionner le plus important: le mandarinat, les effets réseaux, bref, la cooptation si chère à l'université française et, pour ce que je connais aux sciences sociales. Vous oubliez tous ceux qui sont laissés sur le carreau parce qu'ils sont issus d'écoles de pensée hétérodoxes ou victimes par professeurs interposés de rivalités sauvages. Qui en est responsable? Les universitaires eux-mêmes et personne d'autre. Comment se fait-il après tout ça que la profession, même si elle est méprisée, refuse aussi de faire son autocritique? Vous oubliez enfin la dépression véritable dans laquelle plongent plusieurs MCF ou chercheurs CNRS approchant la quarantaine et qui n'ont toujours pas pu passer PR ou DR... C'est encore pire dans les disciplines avec agrégation.

    Après avoir cru au service public de je ne sais quoi, j'en suis venu à être convaincu d'une chose: seul le marché dans sa barbarie néo-libérale viendra foutre un coup de pied dans la gangrène de l'université française. Oui, il faut rendre des comptes est-ce scandaleux? Je ne le crois pas. Surtout quand on voit plusieurs PR ne plus rien foutre après l'agrégation ou la qualification, quand on voit quantité de directeurs de thèse ne pas suivre correctement leurs thésards, quand on voit les salaires misérables des MCF et PR. Il n'y a aucune reconnaissance.

    La seule façon de sortir de ce foutoir c'est de rendre compte. Et d'abord aux étudiants en faisant correctement son boulot. Après 15 ans de carrière peu oseraient se frotter à cette dure réalité...

    Pour le reste, sur l'ANR et consorts, je partage votre avis.

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  20. Je joins mon nom à votre action. Jeune prof de SES en lycée, j'ai fait mes études à P18 puis Paris 7, et, malgré mes notes honorables, j'ai refusé de continuer dans la recherche au regard des sacrifices à faire, des couleuvres à avaler, des conditions de travail à subir, de la dévalorisation sociale de l'enseignant-chercheur...

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  21. CR CNRS, je ne partage pas les soucis liés à l'enseignement, si ce n'est de temps en temps avec quelques Master.
    Par contre, la logique "montage de projet/ 3 mois pleins là-dessus/ refus en 6 lignes" me conduit de plus en plus à payer de ma poche mon activité de recherche, histoire de limiter la frustration de passer plus de temps à trouver des sous qu'à faire ce pourquoi j'ai été formée : la recherche.
    Ce qui explique en grande partie que je vive dans un appart HLM de 40m² car non, mon salaire, une fois amputé de mes frais professionnels (achat de livres, de revue, photocopies, frais de déplacement, de participation à des colloques, etc.) ne me permet pas de faire actuellement autrement.
    Je sais qu'on ne choisit pas d'être chercheur pour l'argent mais parfois, la pilule a du mal à passer, amertume qu'une publication dans une sacro-sainte revue de rang A parvient à peine à adoucir.

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  22. "Marc vérifie ses mails. Déjà une douzaine: 3 demandes de rendez-vous d'étudiants pour discuter de leur sujet de stage, de mémoire"... on notera que Marc ne prend même pas la peine de répondre à ces mails. C'est probablement la partie la plus réaliste de ce texte !
    Signé : une ancienne étudiante, de gauche, récemment diplômée, qui en a bavé pour étudier correctement à l'université sans aucun soutien de ses enseignants, malgré les nombreux mails, les nombreuses visites aux heures de permanence non-tenues, qui s'est arrachée les cheveux et découragée à bosser avec des camarades de classe bien souvent incapables de mener un raisonnement scientifique et structuré, mais auxquels les enseignants se sont acharnés à mettre la moyenne chaque année pour les faire passer jusqu'en Master, et qui a finalement préféré entrer dans un IEP de province pour poursuivre et apprécier ses études dans des conditions décentes... c'est quand même triste ! Sans compter que je travaille à la chaîne en attendant de trouver un boulot en lien avec mon Master, et que je ne serai probablement pas embauchée dans la fonction publique pour bosser à peine 20h par semaine payées 3000 euros par mois, publier un article tous les 3 ans et pondre des articles larmoyants et indécents de surcroît dans un quotidien français populiste !

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    1. "bosser à peine 20h par semaine payées 3000 euros par mois, publier un article tous les 3 ans".
      Madame/Mademoiselle, c'est un peu indécent de dire que l'on travaille 20h par semaine payé 3000€. Vous ne connaissez pas grand chose à la réalité, et je vous invite à vous renseigner...
      Pour ma part, dans l'éducation nationale depuis presque 25 ans, MCF depuis 16 ans, je gagne 2600€ par mois (avec Bac+8). Si l'on compare avec l'Allemagne, la Grande-Bretagne (et même l'Irlande), c'est un salaire ridicule.
      Quant aux 20h/semaine, si vous êtes intéressée, je vous invite à venir faire un stage dans mon service, vous comprendrez. Je dirige un département, fais mon enseignement, et trop peu de recherche par manque de temps (mais au moins un par an, plus un livre régulièrement).
      EFP

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  23. Désolé pour vous, tout cela est bien triste en effet, surtout vos propos à relents poujadistes, alimentés au fiel de la rancœur. Et attention, la colère est mauvaise conseillère : un esprit brillant comme le vôtre aurait pu, j'en suis sûr, s'épargner un commentaire populiste, larmoyant et indécent de surcroît, et qui m'amène à douter de votre capacité à soutenir un raisonnement argumenté (en sus de structuré et scientifique)...

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  24. "Marc n’est pas un révolutionnaire, il aimerait juste pouvoir faire son travail. Pour cela, ce serait bien que l’Etat se remette à faire le sien : en abrogeant la LRU, en supprimant les agences ANR et AERES, en titularisant tous les précaires, en augmentant la masse salariale et le nombre de postes." Marc peut toujours rêver du bon vieux temps, oserais-je ajouter.

    Le constat est juste, la triste description de la réalité. Malheureusement l'Etat n'a plus les moyens de financer tout ça. Mais je vous rassure, c'est la même chose à l'étranger, à ce détail près que les Universités tiennent + ou - bien la route grâce aux frais d'inscriptions des étudiants mais aussi suivant les partenariats qu'elles créent avec les entreprises, et donc c'est moins la misère. Mais la ponte de projets sur projets, et de refus en refus, cela est, me semble-t-il la nouvelle vie du chercheur qui ne travaille pas sur une thématique sexy.

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  25. Il y a beaucoup de choses réelles dans ce billet d'humeur (sans doute plus à Paris qu'ailleurs), mais je suis assez d'accord avec la personne ci-dessus qui pense que l'on doit rendre des comptes et être plus transparents.
    La responsabilité de ce bazar nous incombe en premier lieu, à nous les enseignants-chercheurs.
    La cooptation, les profs qui ne font pas leurs heures, les turbo-profs invisibles...
    Tout cela est indigne de l'université, mais c'est une réalité que personne ne dénonce vraiment, ou si discrètement.
    L'université française est l'un des derniers bastions de l'ancien régime (oui, celui d'avant la Révolution Française), avec ses mandarins, ses privilèges, ses courtisans, ses bassesses, etc.
    Donc oui, il faut changer l'université, mais d'abord en voyant nos propres responsabilités dans le bazar ambiant, et en changeant nos modes de fonctionnement.

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    1. Le problème vient des institutions qui organisent le travail des enseignants-chercheurs et non des enseignants pris isolément comme individus. Autrement dit, c'est le manque de moyens (matériels, temporels, effectifs d'enseignants aux statuts d'emploi stables, de personnels administratifs etc.) qui explique que les enseignants-chercheurs ne soient pas assez disponibles pour bien encadrer les étudiants, répondre à tout les mails etc. Les enseignants chercheurs sont comme tous les travailleurs, soumis aux limites physiques et psychiques imposées par leur corps, lequel n'est pas sollicité par 20h de travail/semaine mais au moins le double...
      Je vous invite à penser la manifestation des problèmes qui apparaissent en bout de chaine à partir de l'organisation qui les fabrique...
      Peut-être que ce que dit ce chercheur (Christophe Desjours) est éclairant sur l'importance pour tout le monde de "bien faire son travail", de ce qui l'empeche, et de ce que ça fait d’être empêché de bien faire son travail...(
      https://www.youtube.com/watch?v=BLet1cNcGlw

      https://www.youtube.com/watch?v=TpZtx2QyhqQ

      https://www.youtube.com/watch?v=91EGceaqFE4&feature=bf_next&list=SP1DB7CC4B3D580C43

      France Télécom a mis au jour de façon très éclairante ces choses d'ailleurs...

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  26. Désolé mais ce misérabilisme me gêne. Mettre en place un ANR pour une jeune doctorante, ça ressemble un peu à Gervaise, non? (Si Zola avait consacré un volume des Rougon-Macquart à l'Université)
    Et surtout la conclusion totalement à l'opposé de ce qu'on pourrait logiquement déduire de vos propos! ON s'attendrait à ce que vous plaidiez pour une sélection à l'Université, afin que les financements passe de la première année du premier cycle (à 50% d'évaporation) au financement des stages de masters et d'accords internationaux. Mais non! Vous terminez par un éloge de la méritocratie républicaine alors que vous n'avez fait que portraiturer le contraire...
    De plus, on ne voit pas trop ce la LRU et l'AERES viennent faire dans votre galère, puisque vous décrivez manifestement une situation très particulière (socio, nanterre, inscription d'étudiants bien au-delà des effectifs enseignants et des dispo de salles...)

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    1. Vous saisissez très bien les contradictions présentes dans ce discours dominant qui prend les effets pour les causes et qui dédouane les profs de toute responsabilité, tout en voyant aux gémonies les profs qui en prennent.

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  27. Gaudefroy-Demombynes7 décembre 2012 à 08:18

    évidemment je soutiens à bloc, je suis confrontée à cela en tant qu'EChercheuse, à l'Université de Franche-Comté. j'ai rédigé des rapports édifiants, sur une autre forme que celle-ci, et les étudiants et nos équipes à ce jour sont toujours ma logés.
    que faire pour poursuivre la lutte tous ensemble, enFrance ?
    Géraldine Gaudefroy-Demombynes, MCF musicologie,responsable de Dpt, UFC

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  28. A nous on nous a expliqué qu'il fallait baisser le budget de 8% sans compter l'inflation (ce qui veut dire qu'en euros constants, la diminution sera impossible à absorber sans faire de la --grosse--casse). Photocopies, ordinateurs, tout devient difficile et encore nous avons encore accès aux bouquets des revues. Donc il ne faut pas se plaindre, n'est-ce pas? Mais quel avenir? les projets de recherche prioritaires pour 2020 ne comportent rien en SHS et encore moins en lettres, une reconversion est donc envisagée: fabricante artisanale de confitures et de tricots sur le marché, peut-être que j'aurai plus d'avenir là dedans.
    F. McIntosh Prof. de Littérature comparée Lille3

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  29. Merci pour cet article.
    Doctorante sans alloc', vacataire très précaire en bibliothèque pour pouvoir subsister, je ne comprends plus ce pays et ce système. Je suis atterrée de voir des "TD" de 100 étudiants, de voir des cours qui font la spécificité et la qualité de mon université supprimés car comptés en "heures complémentaires", de voir des meilleures bibliothèques U de France dans son domaine ne pas avoir les moyens d'acheter une boîte d'antivols ou de faire réparer ses ouvrages anciens et rares,... J'aime la recherche, j'aime le milieu universitaire, mais je me demande de plus en plus souvent si cela vaut la peine de continuer après la thèse au vu des conditions qui restent catastrophiques même pour ceux qui ont la chance d'avoir un jour un poste...

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